Et bien moi, d'entrée de jeu, je solde. Venez chez moi, y a pas moins cher. A ce superbe thème, ce disque s'est imposé immédiatement.
Lorsque nous traversons la France et que nous passons, malgré nous, dans toutes ces zones commerciales avec ses affiches jaunes fluos, proposant des prix toujours plus bas, avec ma femme nous disons souvent au même instant "bienvenue dans la France moche" puis "chips personnel" (ça fait rire les enfants). Non seulement c'est moche mais la réalité qui se cache derrière, cette mondanéité du monde, au sens heideggerien du terme, est encore plus hideuse. Pour y avoir travaillé, j'ai trouvé terrible de s'entendre interdire l'usage des échelles que nous vendions sous prétexte qu'elles ne remplissaient pas les normes de sécurité. Les récits des "betas testeurs" qui testaient les produits tombés du camion au risque de leur vie, étaient hilarants et avaient de quoi nous passer l'envie de ramasser quoi que ce soit au passage... D'où une certaine méfiance de ma part à l'égard de tout ce qui est Discount.
J'ai trouvé ce disque à Paris à la bibliothèque Batignolle à la fin des années 90. Il y avait encore peu de disques en electro mais tout ce que je découvrais était fantastique. Intrigué par la pochette, j'ai été bluffé par celui-ci. J'ignorais néanmoins, à cette époque, qu'il deviendrait un disque mythique, un jalon incontournable dans l'histoire mondiale de la musique électronique, un classique, un chef d’œuvre avant-gardiste et précurseur de la musique tout court... Sans ce disque pas de French Touch, pas de Daft punk, pas de Air, pas de Grand Popo Football Club... Je n'aurais peut-être pas eu d'enfant... Mais avant d'entrer dans le détail de ma vie personnelle et intime revenons à l'histoire de ce disque.
Au départ, il s'agissait d'une blague potache entre copains de lycée... Une blague de sales gosses, qui a eu envie de donner un coup de pied dans la fourmilière, sans trop savoir ce qu'ils faisaient, avec juste ce qu'il faut de désinvolture et d'arrogance. Le hic, c'est que les gens n'ont rien compris à ce disque, la boulette s'est transformée en boule de neige, puis en avalanche. Il ne restait plus qu'a surfer sur la vague.
Etienne n'en était pas à son premier coup d’essai pour autant et ce n'est pas historiquement parlant le premier disque de la French Touch, ce serait, plutôt Motorbass dont faisait partie Etienne de Crecy avec Philippe Zdar.
Pour ce disque, la musique n’existait pas encore, qu'ils avaient déjà crée la pochette sous la forme d'un plan Marketing de 4 maxis dont la pochette était découpé en 4 parties de manière à s'assembler sous forme d'un puzzle... L'idée lui est venu d'une exposition d'art contemporain qui l'a bien fait marrer.
Il ne restait plus qu'à faire la musique, en faisant appel aux potes du Lycée et le tour était joué. Une chance, les potes du Lycée n'étaient pas manchots et ils sont toujours en piste aujourd'hui.
Là où l'habit ne fait pas le moine, c'est que la planète entière a cru que De crecy, se moquait de la techno, de la house faites pour danser avec ses pieds et non avec son cerveau... Mais De Crécy n'est ni Autechre, ni Lagaf mais bel et bien un mix des deux et son disque ne visait pas la techno qui fait boum boum mais la house des clubs ultra select, à la fois pointu et underground dont les pochettes étaient jugées par De Crecy abusivement austères et prétentieuses. Le disque de De Crecy consistait à montrer ses fesses lors d'une soirée mondaine... Pas étonnant qu'ils se soient fait sortir de ces soirées quand il parvenait occasionnellement à y entrer.
Etienne ne s'était pas attendu à vendre plus de 200 000 albums avec une mauvaise blague potache entre potes de lycée. Faire mouche du premier coup, aura été pour lui, un peu déstabilisant, mais bon, on ne va pas le plaindre non plus.
Il reste un disque qui, aujourd'hui sonne incroyablement vintage et minimaliste. On y reconnait la patte du mauvais bassiste plus à l'aise avec des machines qu'avec de vrais instruments. La ligne de basse mélodique et dansante reste le point fort et c'est ce qui fait encore l'originalité de ce disque.
N'étant pas rétro-maniaque, je ne l'écoute plus très souvent, mais j'ai été bien content de le ressortir à l'occasion de ce grand jeu. Mesdames et messieurs, je vous remercie pour votre attention, nous pouvons passer au disque suivant. Attention à la marche en sortant.
Lien spoty, lien Deezer et lien grooveshark
Lorsque nous traversons la France et que nous passons, malgré nous, dans toutes ces zones commerciales avec ses affiches jaunes fluos, proposant des prix toujours plus bas, avec ma femme nous disons souvent au même instant "bienvenue dans la France moche" puis "chips personnel" (ça fait rire les enfants). Non seulement c'est moche mais la réalité qui se cache derrière, cette mondanéité du monde, au sens heideggerien du terme, est encore plus hideuse. Pour y avoir travaillé, j'ai trouvé terrible de s'entendre interdire l'usage des échelles que nous vendions sous prétexte qu'elles ne remplissaient pas les normes de sécurité. Les récits des "betas testeurs" qui testaient les produits tombés du camion au risque de leur vie, étaient hilarants et avaient de quoi nous passer l'envie de ramasser quoi que ce soit au passage... D'où une certaine méfiance de ma part à l'égard de tout ce qui est Discount.
J'ai trouvé ce disque à Paris à la bibliothèque Batignolle à la fin des années 90. Il y avait encore peu de disques en electro mais tout ce que je découvrais était fantastique. Intrigué par la pochette, j'ai été bluffé par celui-ci. J'ignorais néanmoins, à cette époque, qu'il deviendrait un disque mythique, un jalon incontournable dans l'histoire mondiale de la musique électronique, un classique, un chef d’œuvre avant-gardiste et précurseur de la musique tout court... Sans ce disque pas de French Touch, pas de Daft punk, pas de Air, pas de Grand Popo Football Club... Je n'aurais peut-être pas eu d'enfant... Mais avant d'entrer dans le détail de ma vie personnelle et intime revenons à l'histoire de ce disque.
Au départ, il s'agissait d'une blague potache entre copains de lycée... Une blague de sales gosses, qui a eu envie de donner un coup de pied dans la fourmilière, sans trop savoir ce qu'ils faisaient, avec juste ce qu'il faut de désinvolture et d'arrogance. Le hic, c'est que les gens n'ont rien compris à ce disque, la boulette s'est transformée en boule de neige, puis en avalanche. Il ne restait plus qu'a surfer sur la vague.
Etienne n'en était pas à son premier coup d’essai pour autant et ce n'est pas historiquement parlant le premier disque de la French Touch, ce serait, plutôt Motorbass dont faisait partie Etienne de Crecy avec Philippe Zdar.
Pour ce disque, la musique n’existait pas encore, qu'ils avaient déjà crée la pochette sous la forme d'un plan Marketing de 4 maxis dont la pochette était découpé en 4 parties de manière à s'assembler sous forme d'un puzzle... L'idée lui est venu d'une exposition d'art contemporain qui l'a bien fait marrer.
Il ne restait plus qu'à faire la musique, en faisant appel aux potes du Lycée et le tour était joué. Une chance, les potes du Lycée n'étaient pas manchots et ils sont toujours en piste aujourd'hui.
Là où l'habit ne fait pas le moine, c'est que la planète entière a cru que De crecy, se moquait de la techno, de la house faites pour danser avec ses pieds et non avec son cerveau... Mais De Crécy n'est ni Autechre, ni Lagaf mais bel et bien un mix des deux et son disque ne visait pas la techno qui fait boum boum mais la house des clubs ultra select, à la fois pointu et underground dont les pochettes étaient jugées par De Crecy abusivement austères et prétentieuses. Le disque de De Crecy consistait à montrer ses fesses lors d'une soirée mondaine... Pas étonnant qu'ils se soient fait sortir de ces soirées quand il parvenait occasionnellement à y entrer.
Etienne ne s'était pas attendu à vendre plus de 200 000 albums avec une mauvaise blague potache entre potes de lycée. Faire mouche du premier coup, aura été pour lui, un peu déstabilisant, mais bon, on ne va pas le plaindre non plus.
Il reste un disque qui, aujourd'hui sonne incroyablement vintage et minimaliste. On y reconnait la patte du mauvais bassiste plus à l'aise avec des machines qu'avec de vrais instruments. La ligne de basse mélodique et dansante reste le point fort et c'est ce qui fait encore l'originalité de ce disque.
N'étant pas rétro-maniaque, je ne l'écoute plus très souvent, mais j'ai été bien content de le ressortir à l'occasion de ce grand jeu. Mesdames et messieurs, je vous remercie pour votre attention, nous pouvons passer au disque suivant. Attention à la marche en sortant.
Lien spoty, lien Deezer et lien grooveshark
Ah je l'aime beaucoup celui-ci ! Et Etienne aussi d'ailleurs. Mais la pochette est plutôt raccord avec le thème.
RépondreSupprimerJ'adore ton expression "bienvenue dans la France moche", c'est tellement vrai... Entrer dans une zone commerciale est une vraie épreuve visuelle
Ce qui est terrible, c'est que quand on aime ce disque, on finit presque par aimer aussi la pochette pour son côté désign & Art contemporain... Elle est finalement plus proche de Duchamps que d'Auchan
SupprimerTrès vrai Alexandre, j'adore ce disque et très vrai Sb au sujet de la pochette, joli jeu de mot entre duchamps et auchan.
SupprimerAu premier coup d''œil elle est d'ailleurs plutôt nulle que moche !
Nulle parce que Cheap... Or ce qui est cheap est souvent moche mais pas toujours... Évidemment quand on aime ce disque on a du mal à la trouver totalement moche...
SupprimerJ'avais bien tripé sur "Tout à 10 balles", qui nous avait duré des semaines... Faut que profite des soldes de cette journée pour m'y replonger!
RépondreSupprimerJe savais que tu ne résisterais pas à l'argument des Soldes.
SupprimerAh! Super Siscount, la pochette fait très lessive, c'est raccord avec l'intitulé. Mais sous un autre aspect elle renvoie également à celles des deux premier Kraftwerk, une pochette-logo intemporelle.
RépondreSupprimerSi elle fait très lessive, elle fait très pop art aussi. Bien vu pour Kraftwerk, je n'y avais pas pensé mais la référence est évidente sans le côté cheap peut-être... Le Discount 2 rose fluo est similaire au Kraftwerk 2 vert fluo.
SupprimerThanks
Pas vraiment soldé...
RépondreSupprimerToujours aussi bon à écouter.
Je ne connaissais pas les anecdotes.
Un plaisir.
Merci.
'tin ce jaune ça réveille!
Ouch 27€ en import sur Amazon.... En import? pour un disque de la French touch!!! un disque Français quoi... Envoyé par DHL Global de USA. Livraison sous 12 à 28 jours.
SupprimerC'est l'un des problèmes du Discount, bonjour l'impact carbone et c'est pas forcément moins cher surtout si tu as une vision globale de la mondanéité du monde (Chap III d'Etre et Temps)
C'est déjà les soldes ?????
RépondreSupprimerÇa fait 15 ans qu'il est en solde celui-là
SupprimerJe me suis souvent posé la question à propos de Fontaine de Duchamps quand on voit les effets catastrophiques sur l'histoire de l'art... Mieux vaut en rire... et rien que pour rire de temps en temps, je pense qu'il fallait oser.
RépondreSupprimerCe n'est pas beau mais j'apprécie le décalage.
RépondreSupprimerMe souviens plus trop du disque, écouté à l'époque et remisé depuis, une piqûre de rappel s'impose !
C'est clair que depuis, il y a eu mieux et puis Air ressemble ici vraiment à de la soupe... ça reste une curiosité sur le plan historique.
SupprimerJe vais essayer tiens ! Merci !
RépondreSupprimerLe plumage me semble en effet correspondre au ramage.... et a priori, çà m'intéresse !
RépondreSupprimerAu second degré seulement.
SupprimerBah, elle n'est pas moche, cette pochette !!!
RépondreSupprimerJ'ai du mal avec le jaune fluo... Et en rose fluo? tu ne la trouve pas moche non plus? (http://images.pricerunner.com/product/image/81326038/Etienne-De-Crecy-Super-Discount-2.jpg)
Supprimerj'ai mal aux yeux.. là je saispas, mais c'est vrai qu'un très bon contenu nous fait souvent oublier la pochette hideuse..un peu comme le doublon Palace. Y'en a qui se foulent pas.. 10 balles tu dis ?? wouarff, je sais pas.
RépondreSupprimerTout à 10 balles dure 9 secondes... Tu ne risques rien... tout doit disparaître...
SupprimerMe souviens plus trop du contenu, mais la pochette oui, quelle horreur. Elle est elec Trop !
RépondreSupprimerLe contenu n'est pas très consistant mais c'est un disque historique!
SupprimerMoi je me suis toujours tenu éloigné de la scène électro, du coup ce disque m'est totalement inconnu. Et c'est pas sa pochette qui m'aurait fait tenter l'aventure chez un disquaire ou à la médiathèque. Chez Deezer, 15 ans après pourquoi pas ?
RépondreSupprimerLa pochette me fait furieusement penser à celle des Pistols, chef d’œuvre de mauvais goût revendiqué.
Il faut dire qu'avant que l'on parle d'electro on parlait de Techno... musique de nerds, plutôt repoussante. J'ai coupé mon post en deux pour qu'elle ne soit pas trop longue à lire et je reparle de techno demain.
SupprimerMoi elle me fait encore plus penser à Bandwagonesque de teenage fanclub dont je te conseille le deuxième morceau volume sonore à fond pendant 1minute22 le seul moment génial de ce disque.
http://www.deezer.com/album/113778
J'aime bien les escrocs-arnaqueurs-potaches mais là j'ai du mal sur la durée avec la musique.
RépondreSupprimerPar contre le clip est trop classe et du coup c'en est presque dommage !!
EWG
Ça n'a pas très bien vieillit, ce qui reste un gros problème pour la musique électro... A l'époque ça sonnait nouveau... Aujourd'hui ça sonne délavée sur la durée... Air a fait mieux... même si je préfère leurs premiers disques à leurs derniers.
SupprimerTu peux aussi essayer Discount 2... Le même concept en plus dense...
Merci pour le clip, content que tu l’apprécie, j'ai souvent du mal avec les vidéos Youtube mais là je suis content de l'avoir trouvé celle là.
Je n'accroche pas toujours à Etienne de Crecy, il faudrait me payer pour aller le voir faire le clown dans son cube lumineux... Par moment ça marche mais c'est rare. Le côté plan marketing de la pochette reste bien repoussant encore aujourd'hui... Le fait que ça ait marché quand même est drôle... Drôle d'époque.
RépondreSupprimerPlutôt Motorbass que De Crécy solo pour ma part, ou mieux encore Oizo pour le foutage de gueule intelligent mais la pochette effectivement se passe de commentaires !
RépondreSupprimerYes, c'est du light. Je n'avais pas pensé à Mr Oizo que j'ai découvert bien plus tard... La pochette d'Analog Worms attack est bien pourrie...
SupprimerJ'ai hésité avec Motorbass mais les pochettes n'étaient pas assez moches
Avec ce disque, c'est tout une partie de l'Histoire de l'Electro made in France que tu abordes, son origine. Motorbass, La French Mob, Dj Cam, le trip hop......Ayant été ado au tout débuts des 90's (15 ans en 1990), ayant connu le début de la Techno, des first rave party ou autres free party/Teknivals, je comprend l'importance de cet album, même si cette musique représente plus le coté club et moins l'UNDERGROUND !!!
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas les anecdotes autours de la pochette et je ne pensais pas que ce disque avait été vendu + de 200 000 exemplaire.......
Merci de ce revival et j'adore ton texte, ton style, notamment ton intro, (sacré accroche pertinente et stylée).
A + et bonne continuation dans le JEU
16 ans en 1990, j'étais plutôt côté rock'n'roll, punk que côté techno même si au début les deux se sont rejoints... J'ai des amis qui sont passé du punk à la techno... aux rave party... moi j'étais trop straight, trop peur de perdre mon temps...
SupprimerPour les infos, comme les 200 000 exemplaires c'est dans wikipédia sur Etienne de Crécy et la source c'est les inrocks.
Pour le style j'aurais bien aimé écrire dans un style encore plus universitaire... une prochaine fois... Merci a+
Pour être précis, j'étais au départ très rock, voir punk (Berurier Noir, Cadavres, Clash, Pistols...) et j'ai ensuite découvert le milieu des rave party vers 1993. Après c'était 200 % teuf tous les week end, et ce qui va avec jusqu'à en tomber raide dingue, à donf !!! Ce délire à duré.....euh....au moins jusqu'en 98/99 !!!
SupprimerLe Rock et la Techno étaient 2 univers pas incompatibles, bien au contraire !!!
A +