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samedi 6 décembre 2014

Richard Shusterman - Conscience du corps - Pour une soma-esthétique

Si je trouve ridicule l'idée que j’essaierai de faire croire par ce blog que je suis capable de  digérer 1500 disques par an et que j'imagine que c'est susceptible d'intéresser d'autres personnes que moi c'est surtout parce que c'est extrêmement facile d'écouter et de digérer des disques quand on en a le temps et l'habitude. Quand à la question de savoir si ça intéresse d'autres personnes, ce n'est pas mon problème. Je n'ai rien à vendre. Je reconnais néanmoins qu'écrire des chroniques de disques intéressantes et pertinentes est loin d'être facile dans la mesure où le contenu même des disques n'est pas verbal. La danse me semble une réponse bien plus appropriée qu'une chronique verbeuse et  pleine de pathos grandiloquent. Je ne parlerais pas du bashing (lynchage médiatique) courant sur certains sites qui se veulent "critiques" sans en avoir le talent car ça ne ne serait pas très bienveillant. Dans la mesure où pour ma part la compréhension prime sur l'évaluation critique, la question du talent critique ne se pose pas me concernant. Plutôt que de chercher à faire croire que je peux digérer 1500 disques par an je préférerais faire croire que je suis capable de digérer 1500 livres de philosophie par an, ce qui, de mon point de vue, serait nettement plus glorieux. Je prends un peu d'avance sur l'année prochaine en commençant par celui-ci. Je considèrerais donc qu'il ne me reste plus que 1499 posts comme celui-ci à écrire avant 2016. Ce blog ne s'intéressera donc plus qu'à la philosophie. Bon je sais, je vous ai déjà fait le coup ici.

Si j'ai choisi ce livre c'est précisément parce que ce qui m'intéresse dans la tenue de ce blog c'est  la dimension soma-esthétique de la musique. Soma désigne le corps en tant que corps sentant et agissant ce que l'on comprend très bien dans l'expression "somatiser". L'idée maitresse de Richard Shusterman c'est d'essayer de penser et de pratiquer une somatisation positive. Avoir une meilleure conscience de notre corps devrait nous aider à mieux vivre : "augmenter nos connaissances, améliorer notre agir et intensifier nos plaisirs."Pourquoi esthétique? simplement parce le moyen d'action pour vivre mieux passe par une attention accrue à notre sensibilité c'est à dire aux cinq sens. Pourquoi et comment ? c'est tout l'enjeu du texte qui passe par une discussion avec six auteurs qui se sont intéressés à la question du corps en tant que corps pensant : Michel Foucault, Merleau-Ponty, Simone de Beauvoir, Wittgenstein, William James et John Dewey.

Je ne vais pas faire un compte rendu détaillé ni une dissertation seulement dégager les idées que je retiens pour moi même.

Soma-esthétique et souci de soi

Je retiens du premier chapitre sur Foucault qu'il peut être intéressant d'étudier "comment le corps est modelé par le pouvoir et employé comme un instrument servant à le maintenir, ou comment les normes culturelles touchant à la santé, à la beauté, aux compétences et même à nos catégories de sexe et de genre sont construites de façon à refléter et à maintenir les forces sociales existantes". Pour Shusterman, il peut être encore plus intéressant d'agir en proposant de nouvelles normes et des méthodes d'amélioration somatique dans une logique critique et comparative. Il n'est pas question de rejeter le body-building au profit de l'Hatha Yoga sans en passer par une critique des mérites comparés. On trouvera également une critique qui ne manque pas de piquant par Shusterman du sadomasochisme défendu par Foucault dans cette même logique comparative au profit d'érotiques "tout aussi créatives" avec "des méthodes plus douces" pour des plaisirs aussi intenses. "La musique que l'on goûte avec le plus d'intensité n'est pas celle que l'on écoute au plus fort volume sonore. Un doux frôlement peut produire un plaisir plus puissant qu'une caresse brutale." N'ayant jamais testé les caresses brutales, je ne saurais dire si Shusterman à raison... Il ne prétend pas avoir testé lui-même mais il trouve chez Foucault de quoi affirmer qu'une hyperstimulation des sens répétée conduit inévitablement à l'anhédonie. En ce qui concerne la musique j'en tendance à penser que pour éviter l'anhédonie il peut être judicieux de varier les plaisirs aussi dans leur intensité. Mais je retiens l'idée qu'il vaut mieux augmenter sa sensibilité que la stimulation.

Silence du corps

Je ne retiens pas grand chose du chapitre sur Merleau-Ponty si ce n'est une attention particulière au caractère muet de la pensée propre au corps. J'ai souvent l'impression que pendant Zazen c'est l'attention muette et permanente portée au corps, à la respiration mais aussi à la posture qui permet de calmer les pensées et d'y voir plus clair ensuite sans que cela passe ni par un flux de pensées ni par un discours. Le propos de Shusterman est ici au contraire de dire qu'il est possible d'étendre nos pouvoirs corporels au moyen de la réflexion et du contrôle conscient explicite. Je dois ajouter ici que Shusterman est également un praticien de la méthode Feldenkrais et que tout son travail en tant que praticien consiste à corriger des mauvaises postures implicites acquises par de mauvaises habitudes. Il lui faut expliquer patiemment et verbalement à son patient ce qui ne va pas tout en le manipulant. Dans un temple Zen, lorsque quelqu'un n'a pas la bonne posture ou ne fait pas ce qu'il faut dans les rituels par exemple, ceux qui savent montrent aux autres en silence. La verbalisation explicite n'est pas, à mon avis, toujours indispensable.

Genre et vieillissement chez Simone de Beauvoir

Je me sens assez peu concerné par les questions portant sur le genre même si c'est effectivement un sujet intéressant dans nos sociétés. Étant désormais trop vieux pour mourir jeune, je me sens davantage concerné par la question du vieillissement. Même si cela peut sembler d'une affligeante banalité je retiens l'idée qu'il existe un grand nombre de moyens pour ralentir les effets néfastes du vieillissement et qu'il n'est jamais ni trop tôt ni trop tard pour s'en préoccuper. Toute la difficulté c'est d'articuler action collective et action individuelle, attention portée à l'instant présent et au potentiel long-terme d'une existence. Il me suffit de comparer l'absence de joie sur les visages des personnes âgées dans les maisons de retraite de luxe avec l'épanouissement lumineux de celles qui résident dans le centre-intergénérationnel au confort spartiate dans lequel j'ai passé une semaine cet été et où j'espère bien finir mes jours... Être un homme ou une femme et mal vieillir serait loin d'être une fatalité.

Le soma-esthétique de Wittgenstein

Le chapitre sur Wittgenstein rejoint mes préoccupations sur le caractère indicible de l'expérience esthétique. "La musique tire son indicible profondeur de signification, son grand et mystérieux pouvoir du rôle silencieux du corps, sol créatif et arrière plan intensifiant". Shusterman pense alors le corps sur le modèle de l'instrument de musique "cet instrument des instruments" que nous devrions apprendre à connaitre et à utiliser. Il tire, à partir des réflexions de Wittgenstein sur l'antisémitisme, des conséquences sur le plan éthique. L'antisémitisme et l'homophobie serait la résultante de sentiments corporels viscéraux lié à un mauvais apprentissage du corps. Cet apprentissage du corps serait lui même lié à l'Histoire notamment celui des religions qui sont dans une logique de pureté du corps. Contre cette logique de pureté viscérale, Shusterman propose de prendre somatiquement conscience que notre constitution corporelle "est un mélange impur"

La philosophie somatique de William James

De ce chapitre je retiens la pertinence de la pratique de l'introspection somatique dans le jargon de la pleine conscience on appelle ça le scan corporel mais ce n'est pas toujours évident d'en comprendre l'intérêt. Shusterman semble dire que c'est ce type de pratique en particulier qui permet d'augmenter la conscience que nous avons de notre corps et d'en augmenter le potentiel. Shusterman reproche à James de ne pas avoir transformé la théorie en pratique. James avait sans doute peur qu'une sensibilité corporelle "hyperesthétique" abaisse notre "seuil de douleur". Shusterman ne répond pas vraiment à cette objection. Il vaudrait mieux se tourner vers Jon Kabat-Zinn, il y a tout un chapitre dans Au coeur de la tourmente, la pleine conscience, sur le scan corporel qui explique que le scan corporel permet d'évacuer les douleurs en prenant conscience de l'unité de son corps et de sa non identité avec la douleur. C'est curieux mais cela semble marcher. De même il est curieux que James reconnaisse les bienfaits de l"hatha Yoga à partir d'une correspondance épistolaire sans le pratiquer lui-même d'où un certain aveuglement sur le sujet. Shusterman en profite pour ajouter :"Ma propre expérience de la formation zen au japon m'a montré... peut aussi développer la capacité de volition..." C'est donc à partir de sa propre expérience qu'il conteste l'idée de la dimension immatérielle de la volonté et à partir de la biographie de James, les principaux manques.
 
La philosophie du corps-esprit de John Dewey

Alors que chez James, la liberté de la volonté reposait sur un postulat, chez Dewey c'est bien "la conscience de fins rivales et de la réflexion que cette situation appelle qui est la liberté" affirmant ainsi "la réalité du choix tout en reconnaissant le caractère conditionné de ce dernier". Ce que ne dit pas Shusterman c'est que ce que l'on expérimente dans la méditation en tant que pratique introspective c'est la prise de conscience de ses conditionnements et c'est ce qui permet de s'en affranchir. On pourra toujours m'objecter que c'est ce que propose la psychanalyse. Objection à laquelle je répondrais que la psychanalyse repose sur un primat du verbe. Sans le langage, la psychanalyse est un non sens or la méditation est silencieuse. Je ne nie pas que ce qui apparait à la conscience pendant la méditation peut être de nature verbale et langagière. Je dit seulement que l'objectivation verbale est loin d'être suffisante pour être efficace. Je pense que dans la méditation il y a un primat du voir au sens de sentir. Ce "sentir" précède la pensée. On retrouve la même idée chez Levinas dans la dichotomie Dire/dit. Je ne vois pas la différence entre le "Dire" Levinassien et le "tréfonds de la non-pensée" que l'on trouve chez Dogen.
Ce qui incita Dewey à prêter une attention particulière aux conditionnements qui relève davantage du corps silencieux que du langage c'est sa rencontre avec F. M. Alexander. Il serait trop fastidieux d'expliquer en quoi consiste la méthode Alexander disons qu'il s'agit d'une méthode visant à corriger nos mauvaises habitudes corporelles. Je retiens de la méthode Alexander le rôle important que joue l'inhibition dans la prise de nouvelles et bonnes habitudes et l'attention portée aux moyens en vue d'atteindre une fin. Shusterman souligne les dérives possibles d'une pensée uniquement attaché au perfectionnisme corporel ethno et égo-centré ("la marque d'un individualisme étroit et orgueilleux") d'Alexander au profit d'un pluralisme méthodologique dépendant d'une interaction avec les autres.

Conclusion

"Cette vision du corps symbiotique devrait susciter une plus grande reconnaissance de ces autres (humains et non-humains)" Voilà donc un livre qui ne déplairait pas à Mathieu Ricard. Hihihi

 J'ai pour ma part découvert la pensée de Richard Shusterman en 1995 à l'Université de Provence alors que je suivais les cours de Jean-Pierre Cometti. C'est curieux de voir une convergence s’effectuer en une vingtaine d'années entre des univers qui me semblaient inconciliables il y a vingt ans, entre la philosophie analytique (Wittgenstein), le pragmatisme (James , Dewey), la philosophie continentale (Foucault, De Beauvoir), la philosophie d'origine juive (il cite une maxime hébraïque) et la philosophie bouddhiste (il cite Bouddha) et le bouddhisme Zen (il cite Dogen). Il est donc bien agréable de voir qu'il est possible de concilier ces différents courants de pensée et d'en tirer partie. Mais il faut également oublier le lettre pour s'en tenir à l'esprit, comme le dit très bien Dogen :

"Vous devez abandonner une pratique fondée sur la compréhension intellectuelle courant après les mots et vous en tenant à la lettre. Vous devez apprendre le demi-tour qui dirige votre lumière vers l’intérieur pour illuminer votre vraie nature. Le corps et l’esprit d’eux-mêmes s’effaceront, et votre visage originel apparaîtra."

Y a qu'à...

Philosophie contemporaine, éthique et pragmatisme, zen, aux Éditions de L’Éclat, Paris, 2007.



46 commentaires:

  1. Une des première fois où je suis arrivée ici je me rappelle que tu écrivais que tu voulais interrompre ce blog et passer à des choses plus intéressantes... il existe encore et c'est tant mieux.
    Ingurgiter 1500 albums ou livres de philosophie... tu n'as rien à nous prouver...
    Alors quoi ? Moi, égoîstement, je voudrais juste pouvoir continuer à donner à manger à ma curiosité en venant ici... et blablabla...

    Pour la suite de ta prose sur le livre de Richard Shusterman, ça sera pour plus tard... je suis très en retard (comme d'habitude)

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    1. Je n'ai rien à vous prouver mais je m'interroge sur mes motivations à tenir ce blog... Il est clair que par ailleurs je vis beaucoup de chose sur le mode du "challenge". En tant que punk, la question du regard extérieur me soucie assez peu en revanche que je réussisse à mener de front ce jeu de blogueur en même temps que ma vie amoureuse, familiale, sociale et professionnelle est quelque chose qu'il me reste à me prouver à moi même et c'est loin d'être gagné... d'où parfois la tentation d'arrêter ce blog.

      Ce qui est curieux c'est que même la question du satori, je la vie aussi sur le mode du challenge, ce qui est probablement assez ridicule. On doit pratiquer sans but ni profit. Il n'empêche que je me demande toujours si je vais être capable de... Ce qui reste toujours à prouver. Dans le tchan (la version chinoise du Zen) l'éveil doit être authentifier par un maître dans un jeu de question réponse... Ce jeu me fascine, même s'il n'a plus cours aujourd'hui.

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    2. Je me reconnais assez dans ce que tu dis, notamment sur la notion de challenge concernant la question d'éveil (plus que spirituel, surtout culturel, me concernant).
      C'est idiot.
      On n'accumule pas des connaissances pour les accumuler mais pour ce qu'elles nous permettent de construire en termes de réflexion personnelle.
      Cette matière première est nécessaire, vitale, mais insuffisante s'il n'y a rien de fait derrière.

      Or ce rapport presque boulimique vers cette recherche de matière première me laisse de moins en moins le temps de développer de quelconques réflexions personnelles.

      Ca me manque, et il va donc falloir que j'arrive à me limiter. Ce ne sera pas facile.
      Mais je crois qu'on est nombreux à être dans des réflexions similaires.

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    3. C'est tout à fait ça, on est happés par la Machine
      http://letras.com/holden/1239979/
      malgré nos bonnes intentions, qui comme on le sait pavent l'Enfer.
      Pas railleur, j'ai oublié de remercier notre hôte pour l'article, fort pertinent (je viens de m'inscrire à une session de méditation de pleine conscience, parce que de moi-même je ne parviens pas à grand-chose)

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    4. Je ne crois pas que cela soit idiot de voir les choses sous forme de challenge... Je vois mal une autre source de motivation que la curiosité pour savoir s'il l'on est capable de se transformer. Construire quelque chose est toujours un challenge... Je ne crois en rien ce qui ne repose pas sur des preuves. Le mot spirituel n'a aucun sens pour moi et je me méfie du mot culturel. Par exemple, l'histoire de la philosophie relève du culturel mais pas la philosophie elle-même, de même entre l'histoire de l'art et l'art. Accumuler des connaissances ne revient pas à accumuler des expériences. Lire une chronique de disque ne revient pas à écouter un disque. Les connaissances viennent enrichir l'expérience. Ce qui est idiot par rapport à l'éveil c'est de croire que l'on peut y arriver comme si on arrivait quelque part... alors que l'éveil est toujours déjà là et en même temps la difficulté c'est de s'y maintenir.

      La boulimie ne me dérange si le plaisir est toujours là et si les expériences sont riches et variées... la réflexion n'est nécessaire que si le plaisir et la jubilation venaient à disparaitre. Et là il peut être bon de prendre du recul, de manière à retrouver une certaine modération.

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    5. J'ai un rapport ambivalent avec le prosélytisme... d'un côté je suis le premier à me moquer des Témoin de Jéhovah et je me méfie de mon éducation chrétienne qui ne vaut guère mieux que celle des Témoins de Jéhovah... la volonté farouche d'un luther à convertir les juifs au christianisme me répugne au plus haut point.

      et d'un autre côté j'ai été dégouté d'apprendre que les centres de méditations de ma ville existaient déjà il y a 20 ans lorsque je faisais mes études dans cette même ville... Je n'ai jamais vu aucune affiche et personne n'est jamais venu vers moi pour me dire que ça existe, ni pour contredire mes préjugées. Il n'est jamais trop tard... mais quand même. La dalaï-Lama ne cesse de dire "à quoi bon vous convertir au bouddhisme vous avez déjà le christianisme."

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    6. Le Dalaï-Lama est le seul à tenir ce discours. Et c'est son autorité spirituelle implicite qui fait qu'on le croit, ou tout du moins qu'on le trouve d'une grande largeur d'esprit sur ce plan.
      Ce midi dans la rue j'ai vu deux témoins de Jéhovah devant leur nouvelle campagne d'affichage : "Troubles mentaux : ce qu'il faut savoir". J'avais envie de leur faire la blague : "Il parait qu'une personne sur cinq souffre de troubles mentaux. S'il y a 4 personnes autour de vous et qu'elles ont l'air en bonne santé, c'est pas bon signe" mais je n'avais pas le temps. Ca m'aurait pas rendu plus spirituel, et eux non plus, quoique ce soit que ce mot désigne.

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    7. Un jour je bossais en tant qu'intérimaire avec quelqu'un que je ne connaissais pas du tout. Il dit que ça sent la cigarette et que le fumée pollue l'esprit... Je réponds qu'il y a pire que la fumée pour polluer l'esprit. Pas de réponse... J'enchaine "oui la religion" toujours pas de réponse et je sens comme une tension dans l'air alors j'ajoute "enfin pas toute les religions je pense surtout au Témoins de Jéhova" et là le type se redresse et dit "je suis témoin de jéhova".
      Ou comment se faire un copain en moins de 15 secondes...

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    8. Ca avait bien commencé avec ton post du 8 décembre et tout ce que tu as écrit dans ce paragraphe (Je ne crois pas que cela soit idiot de voir les choses sous forme de challenge... Je vois mal une autre source de motivation que la curiosité pour savoir s'il l'on est capable de se transformer etc.....) j'ai trouvé ça sensible et exprimé avec des mots "justes".

      Mais après entre la conversion au bouddhisme (je ne savais pas qu'on pouvait se convertir au bouddhisme), le dalaï-lama, les témoins de jéhovah... je m'attendais à un petit passage par Auroville... par chance ce n'est pas arrivé...

      Je vais garder ceci de ta prose du début "Vous devez abandonner une pratique fondée sur la compréhension intellectuelle courant après les mots et vous en tenant à la lettre"

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    9. Bien sûr que l'on peut se convertir au bouddhisme, on devient alors un Bodhisattva. Tu peux aussi devenir nonne si tu le souhaites sans même passer par la case Bodhisattva. La différence entre moine et Bodhisattva est assez subtile... Disons que le Bodhisattva continue à mener une vie de laïc alors que le moine est attaché à la vie des temples et dojos. Il n'y a pas de hiérarchie entre ses deux possibilités. Les cérémonie d'ordination sont très belles et très théâtrales (et exotiques pour le touriste que je suis dans un temple)

      J'entends bien ce que tu sous-entends par rapport à Auroville... c'est d'ailleurs ce qui m'agace un peu dans le texte de Shusterman, l'idée qu'il faille aller au japon pour se faire initier.
      Je voulais souligner le fait que le bouddhisme s'accorde très bien avec une approche sceptique. Je n'ai pas fait 6 ans de philo pour déposer mon cerveau au pied du premier guru venu. Il est peu probable que je devienne un Bodhisattva. Ce n'est de toute façon pas nécessaire ni obligatoire et le disciple de Deshimaru dont je suis les enseignements ne me le demande pas. Il ne me demande pas non plus de croire à ses enseignements seulement de les expérimenter par moi-même.
      J'ai du respect pour le dalaî-lama mais je trouve que la phrase que je citais est de mon point de vue une ânerie parce que je me focalise davantage sur les divergences entre le christianisme et le bouddhisme que sur les points de convergences. De mon point de vue, le christianisme est beaucoup plus proche des Témoins de Jehovah que du Bouddhisme notamment sur la question du prosélytisme.
      Je me méfie également du tout ce qu'on appelle le new age comme d'un gloubiboulga d'influences diverses n'ayant pas toujours fait ses preuves, avec des dérives inhérentes à l'amateurisme qui s'en dégage parfois. C'est pourquoi je n'aime pas trop le terme "spirituel" si il est coupé du temporel, de l'expérience corporelle, et de la vie quotidienne et de tout ce à quoi on a l'habitude d'opposer ce terme.

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    10. Il me manque tes 6 ans de philo., il faut dire qu'en fin de lycée elle m'est complètement passée par dessus la tête, et que mon prof me disait que je manquais d'esprit critique, j'ai donc été perdue pour la philo et les sciences m'ont accueilli à bras ouverts...
      Je me suis attachée à la spiritualité jusqu'à ce qu'un évènement dans ma vie m'en détache presque du jour au lendemain et au final maintenant je regrette de ne pas m'être intéressée à la philo...mais la boucle n'est pas bouclée...

      Sinon,je reviens juste sur ta réflexion sur le vieillissement, quand tu dis que "être un homme ou une femme et mal vieillir serait loin d'être une fatalité", oui peut-être, je l'espère sincèrement, mais j'y opposerais la réflexion suivante, pourquoi vivre si vieux si c'est pour vivre comme ça...

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    11. Je peux développer un peu la pensée de Shusterman. A partir de Simone DeBeauvoir il fait un parallele entre la féminité et la vieillesse... en simplifiant je dirais que les Femmes se sont considérablement libérés,ces soixantes dernières années, de l'emprise des hommes en développant leur agilité physique, en maitrisant leur sexualité grâce à la contaception, et en dévellloppant leurs capacités intellectuelles. L'idée de Shusterman est de dire que si l'on faisait la même chose avec la vieillesse on aurait également une meilleure apréciation de la vieillesse, une vision beaucoup plus positive comme c'est le cas dans certaines traditions.

      Toutes les etudes le prouvent statistiquement, il y a un relation étroite entre la représentation que nous nous faisons de la vieillesse et l'apparation des maladies dégénératives, entre notre état d'esprit et le déclenchement des cancers et des maladies du type alzheimer.

      Il ya un documentaire qui est passé sur Arte qui s'appelait une vie de moine zen... Le personnage principal avait 104 ans... Je veux bien "vivre si vieux si c'est pour vivre comme ça"

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    12. Une vie de moine Zen :
      https://www.youtube.com/watch?v=6EOAGKtvR1k

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    13. merci pour le lien, je vais regarder ce documentaire.

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    14. En même temps ça reste le Japon... Je n'arrive pas à imaginer un monde où les hommes seraient séparés des femmes. Heureusement en France c'est différent.

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    15. J'ai regardé, et je l'ai regardé vivre comme ça pendant 76 ans (106 - 30) de méditation assise...(j'écoute en même temps Whitehouse, ça aide).
      Ca ne me fait pas rêver, mais justement il ne faut pas rêver... j'imagine un monde où tout le monde répète inlassablement la même chose pendant toute sa vie en s'extrayant de tout désir...il faut avoir une sacrée force...

      Très bien Whitehouse, à écouter le soir principalement.

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    16. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de s'extraire de tout désir. L’ambiguïté du désir est lié au fait que nous avons un corps et qu'en même temps nous sommes un corps. Dans la mesure où nous avons un corps nous avons des besoins. Nous avons trop tendance à penser le désir sur le modèle des besoins alors qu'il faudrait le penser sur le modèle de l'être et non de l'avoir. Le désir ce n'est pas uniquement l'avidité c'est aussi une tension vers ce que nous ne sommes pas, vers les autres. Le désir le plus pur est simplement celui d'être avec les autres, c'est ce qui fait de la communauté l'un des trois trésors du bouddhisme (les deux autres sont l'éveil et la connaissance de la réalité telle qu'elle est)

      On peut même aller plus loin en considérant que l'Amour n'est pas quelque chose qui est réservé à un conjoint unique. Nous avons une vision beaucoup trop restrictive de l'amour parce que nous le pensons trop en terme de possession, la sexualité étant trop souvent au premier plan. C'est évident quand on pense l'amour en terme de "résonance positive"... ce qui décuple notre joie de vivre, notre santé physique et notre santé mentale. Je ne dis pas que la sexualité n'est pas importante mais je pense que l'on peut la réserver à un seul partenaire, de préférence notre conjoint et entrer en résonance avec de nombreuses personnes, tous les jours et partout.
      Mon problème c'est que j'entre plus facilement en résonance avec des femmes qu'avec des hommes c'est pourquoi je serais malheureux au japon dans un temple.

      La science a beaucoup progressé sur la question et je te renvois aux travaux passionnant de Barbara Fredrickson:
      version 15 minutes
      https://www.youtube.com/watch?v=HsGlcNFB-pM
      version 1h23
      https://www.youtube.com/watch?v=Y3tmGshOl6A

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    17. Je n'avais pas voulu relever cette censure, le fait que ces moines évoluaient dans un lieu sans femmes... j'en avais fait abstraction parce que je ne peux imaginer qu'on ne puisse pas vivre avec ce qui constitue la moitié de l'humanité et que cela aurait été trop facile à avancer comme argument...
      Je te suis bien quand tu parles de résonnance positive... mais cette communauté de moines ne vit pas dans le monde, elle le regarde. Si tu enlèves l'aspect religieux, quelle différence vois-tu avec les moines de la grande Chartreuse dans "Le Grand silence" ?
      Je regarderai consciencieusement le lien d1h23 sur youtube (je vois tout en grand).

      Pendant les vacances de Noël je vais lire "le codede la conscience" de S. Dehaene (il parle de ses travaux là http://www.franceculture.fr/emission-continent-sciences-les-signatures-de-la-conscience-2014-10-20 )

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    18. La différence avec la grande Chartreuse c'est surtout qu'un temple bouddhiste est d'abord un lieu d'enseignement.

      D'un point de vue extérieur il n'y a pas de différence non plus avec une maison de retraite ou un hôpital psychiatrique et d'un point de vue intérieur la semaine que j'ai passé dans un temple cet été m'a semblé extrêmement vivifiante... m'a beaucoup fait penser au jardin d'Epicure...

      J'irais voir le lien... pas le temps pour l'instant et un peu crevé après la nuit du Satori du Bouddha (5 séquences de zazen entre 20h30 hier et 9 h ce matin)... C'était éprouvant mais ça valait le coup.

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    19. Quand tu auras un peu de temps, est-ce que tu pourrais me décrire (succinctement, je ne voudrais pas abuser) ce que tu as fait de 20h30 à 9h du matin ?

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    20. Je suis arrivé à 20h30 mais le premier zaz n'a commencé qu'à 21h. Ce fut l'occasion de discuter avec Guy, le "maitre" qui revenait tout juste d'un Ango (une sorte de formation intensive) de 3 mois dans un temple à Nagano. Il est parti jeudi matin du Japon, arrivé jeudi soir il a dormi 5 heures à Paris et il est arrivé le vendredi à Tours. Il a 68 ans et il n'avait pas l'air fatigué et très heureux d'être là et nous aussi. Nous étions 19 (c'est le maximum que le lieu puisse acceuillir)

      A 21h premier Zazen donc 30 minutes de méditation assise sur un zafu. Le principe est simple il suffit de s'asseoir et d'être attentif d'une part à sa posture c'est à dire à la verticalité du dos, la position de la tête, que les genoux touchent le sol et à la positon des mains et surtout des pouces qui doivent être horizontaux et se toucher très légèrement, à la position du regard à 1 mètre devant soi, à la respiration et d'autre part et à tout ce qui apparaît à la conscience. On ne doit ni saisir ni rejeter ni juger ce qui apparaît. Jusqu'à ce que quelqu'un fasse sonner une petite cloche.

      À 21h30 méditation en marche pendant 15 minutes (http://fr.wikipedia.org/wiki/Kinhin). Ce qui est drôle avec Kinhin c'est qu'après 30 minutes assis dans la position du demi lotus on a les jambes engourdies. Les sensations dans les jambes et les pieds au début de cette marche extrêmement lente sont vraiment étonnantes. On doit synchroniser la marche avec la respiration. On avance un pied sur l'inspiration en appuyant la main droite sur la main gauche. Sur l'expiration on pose le pied en relâchant la pression sur les mains et en focalisant son attention sur le contact du sol avec les pieds, en essayant de sentir au maximum les sensations autour de chaque os. En 15 minutes on fait à peine 10 mètres en dessinant un carré.

      A 21h45 deuxième méditation assise jusqu'à 22h15

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    21. de 22h15 à 22h45 une petite pause. Pendant Zazen nous ne sommes pas censés suivre nos pensées ni les entretenir du coup je n'ai pas le sentiment d'avoir réussi à lâcher prise. Pendant les 4 premiers zazen j'ai pensé à ce qui, à partir de mon expérience, m'avait fait écrire sur mon blog que l'on devait réserver sa sexualité à son conjoint. Ce n'est pas une idée qui pour moi va de soi. Pendant la pause j'ai eu le temps de lire dans la bibliothèque du Dojo un court chapitre d'un livre de Thich Nhat Hanh dans lequel il dit que, dans la relation de couple, la passion se transforme en un amour profond mais il n'explique pas vraiment pourquoi.

      De 22h45 à Minuit Méditation assise puis Kinhin puis méditation assise.
      Il me semble que pendant cette deuxième méditation G. a fait un Kusen (un enseignement) qui portait sur la période qui précède le Satori du Bouddha. Ce qu'il a dit m'a étonné car il a dit que seul ceux qui sont éveillés peuvent parler de l'éveil. Et il ne nous a pas parlé de l'éveil mais du travail que le Bouddha a fait pour l'atteindre... et que ce travail consiste à se souvenir des vies passées et de notre vie présente.

      De minuit à 1h du matin, nous avons mangé une soupe et des fruits.

      De 1h à 2h méditation assise, Kinhin puis à nouveau méditation assise. Je ne me souviens plus à quel moment G a dit « Kyosaku »... Nous sommes 4 ou 5 à avoir demandé le Kyosaku. C'était la première fois pour moi et au bruit que fait le coup de bâton sur l'épaule des gens, j'imaginais que cela faisait beaucoup plus mal, et j'avoue avoir été un peu déçu. Je me suis même imaginé qu'elle m'avait tapé moins fort que les autres parce que c'était moi (ahaha quel ego). J'ai donc trouvé ça moins stimulant que je ne l'imaginais mais à aucun moment je ne me suis senti fatigué.

      De 2h à 5h nous avons dormi. J'ai été un peu gêné par les ronflements mais j'ai réussi à dormir quelques heures.

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    22. De 5h15 à 6h 45 méditation assise puis kinhin puis méditation assise.
      Je ne sais plus si G. a fait 2 ou 3 Kusen ni quand il les a fait. Je me souviens qu'il a dit qu'il ne fallait pas voir dans la méditation une performance. J'ai trouvé ça rigolo parce que c'était justement l'impression que j'avais. Il a dit qu'il fallait s'émerveiller pendant la méditation. Il a également parlé très brièvement pendant Kinhin sur la même idée qu'il fallait s'émerveiller comme un enfant qui découvre la marche et qui s’émerveille de tenir en équilibre debout.

      puis cérémonie qui consiste à faire des Sampai (prosternations). 3, il me semble.
      « En nous prosternant, nous nous abandonnons. Nous abandonner signifie abandonner nos idées dualistes. Il n'y a donc pas de différence entre faire zazen et se prosterner. »
      puis nous chantons des sutras comme le Hannya Shingyo qui est une sorte de synthèse de toute la pensée bouddhiste. Nous chantons en japonnais mais nous avons une traduction à côté du texte.

      6h55 petit déjeuner, café tartines.., belle ambiance qui m'a rappelé des lendemains de fête mais sans gueule de bois ni fatigue.

      De 8h à 9h méditation assise puis Kinhin puis méditation assise. Quelqu'un frappe sur un gros tambour d'abord très fort puis très doucement puis lentement puis de plus en plus rapidement comme une cascade, puis la même chose mais sur une surface de bois avec un son beaucoup plus aigu.

      Je me souviens que lors de la dernière méditation j'ai commencé à lâcher prise et j'ai entendu chaque goutte de pluie sur le velux et que quelqu'un a éteins la lumière artificielle que je me suis émerveillé de la lumière du jour et des bruits alentours d'un oiseau qui s'est mis à roucoulé... puis des bruits des gens qui ont commencés à arriver pour le zazen du samedi matin. J'ai trouvé ça trop court même si j'avais mal aux jambes et au dos

      Il y avait encore un 6ème zazen de prévu de 9h30 à 10h45 que je n'ai pas fait parce que j'avais prévu d'aller jouer au ping pong avec mon fils. Ma femme m'a raconté qu'il a fait un mondo. C'est un moment ou chacun son tour, si on le souhaite, on peut poser une question au maitre et le maitre y répond.

      De 9h30 à 11h30 j'ai joué au ping pong avec mon fils. J'ai perdu les deux premiers match puis il m'a expliqué comment je devais tenir ma raquette et comment je devais placer mes jambes (il s'entraine dans un club 2 fois par semaine ce que je n'ai jamais fait) et j'ai gagné les deux match suivant. mais j'ai perdu les deux suivant ce qui ne nous a pas empêché de bien rigoler.

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    23. Merci pour ta longue description, apparemment tu aimes bien avoir mal (en référence au Kyosaku)...mais je me moque...
      Tout ça est très étrange pour moi et je n'ai pas encore compris si le but ultime de la méditation était d'arriver à enlever toute pensée de son esprit.
      Je ne sais pas si j'arriverais comme tu l'as fait à passer une nuit entière dans une certaine intimité avec d'autres personnes, à lâcher prise parmi des inconnus, il me faudrait une confiance absolue dans les personnes qui m'entourent...
      Ma manière assez basique de ne plus penser est de nager longtemps sans m'arrêter en me concentrant sur ma respiration et juste laisser l'eau couler sur ma peau, ce n'est pas du zazen mais ça me lave bien l'esprit...
      Je t'envie un peu...

      Question subsidiaire : pourquoi cela a lieu de nuit ?

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    24. Cela a lieu de nuit car c'est une sorte de commémoration de la nuit pendant laquelle Siddhārtha Gautama est devenu Bouddha (l'éveillé). Ça n'a lieu qu'une fois par an.

      Il ne faut pas oublier qu'il faut méditer sans but ni profit. Le but de Bouddha c'était de trouver un moyen de se débarrasser de la souffrance. Une fois qu'il s'est débarrassé de la sienne il a passé son temps à expliquer aux autres comment s'en débarrasser. Il a montré la Voie.
      Le but n'est pas d'enlever toute pensée mais de prendre conscience que nos pensées ne sont que des pensées et ainsi d'avoir accès à la réalité telle qu'elle est. Dogen dit qu'il faut penser à partir de la non pensée. Il y a donc des pensées mais elles ne proviennent pas de l'ego. Pour Shusterman la non pensée c'est le corps, le "soma"

      La raison pour laquelle j'ai cru qu'elle avait frappé moins fort parce que c'était moi c'est parce que je pense qu'elle sait que cet été, lors de la sesshin dans le Cantal, lors de la toute première méditation, je suis tombé dans les pommes au bout de 10 minutes.
      Je crois que j'ai acquis la réputation d'être un peu douillet...

      Je suis tombé dans les pommes parce que j'étais fatigué du voyage de la veille, qu'il était 6h30 du matin et que n'ayant pas petit déjeuné et ayant peu mangé la veille j'avais super faim. Se retrouver dans une salle avec 50 personnes dans mon dos que je ne connaissais pas habillé en noir avec le crane rasé, dans la pénombre du petit matin j'ai trouvé ça flippant.

      Dans les cinq premières minutes je me suis dit « cool, je suis super bien sur mon zafu, je vais pouvoir m'enchainer facile les 21 prochains zazen qui m'attendent. » Au bout de 10 minutes j'avais l'estomac retourné avec l'envie de vomir et surtout l'envie de partir mais je me suis dit que si je partais au bout de 10 minutes ce serait la honte pour moi et que j'aurais du mal à revenir. Mais ça ne passait pas et c'est monté en pression, je me suis senti de plus en plus faible avec le mental qui vient empirer les choses « et si je fais dans ma culotte, la honte suprême! » puis j'ai senti les symptômes habituels que l'on ressent juste avant de tomber dans les pommes... les étoiles dans les yeux, puis juste le temps de penser «moi qui voulais me faire discret, c'est raté, tant pis » Je me souviens avec beaucoup de précisions la séquence réveil (comme le bruit de ma tête sur le parquet puis les pas précipités sur le parquet alors que j'avais l'oreille collé dessus) mais ce serait trop long à raconter.

      Le but de le méditation c'est aussi d'aller au delà de ses peurs et de prendre conscience qu'on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. Ce n'est pas parce que ça se passe mal une fois que ça se passera mal à chaque fois même si ça m'arrive encore d'avoir l'estomac retourné pendant la méditation. Mais rassure toi le plus souvent il ne se passe rien et on n'a la furieuse impression de perdre son temps. Seulement après on est beaucoup plus efficace.

      Il y a des points communs avec la natation mais aussi des différences mais ce serait difficile de faire court. Le mieux serait d'expérimenter par toi même.

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  2. ... sans compter que la quête de l'humilité peut être un signe d'orgueil suprême !
    Blague à part, tu m'avais prédit il y a quelques mois, que tu plierais sans doute les gaules de ton blog avant moi. J'ai trouvé un certain équilibre incertain dans la fermeture et la réouverture périodiques, si tu te fais bouffer par Chronos qui waits for no one, il te faut faire tes expériences de "off" : pour ma part, j'ai beau prétendre me moquer des commentaires ou de l'absence d'eux, je considère le blog comme un sacré miroir d'égo à manipuler avec précaution... et modération.

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    1. A chaque fois que je fais preuve d'humilité, j'ai toujours un peu honte, comme si dans ces moments là je voyais encore plus mon égo... c'est terrible, c'est pourquoi j'essaye de ne jamais en faire trop de ce côté là.
      Je ferais certainement des expériences de "Off" mais j'ai toujours peur de n'avoir pas envie de reprendre après.
      En réfléchissant à ce que j'avais écrit je me disais que j'étais un peu hypocrite à dire que je me fiche du regard extérieur puisque mon post est une réponse à une critique que l'on m'a faites.
      En même temps je trouve ça toujours drôle de prendre au sérieux les critiques les plus stupides.

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    2. @John W. => ..la manipulation du blog avec précaution et modération... heu...tu pratiques avec modération ? (je me moque et je ne veux pas utiliser de smileys...)

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    3. Oui madame, avec modération : pas plus d'un post par jour, avec des cures de sevrage qui vont d'une semaine à plusieurs années, mon historique en atteste. C'est pas beau de se moquer, et de venir polluer le topique d'un collègue, je le dirai au Grand Schtroumpf.

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    4. Ah ah donc même pendant le sevrage tu gardes les vestiges (l'historique)... c'est pour mieux replonger dedans mon enfant (ça c'est ma mère-grand qui me l'a dit)...
      Je continuerai donc de me moquer...(gentiment...) et je me tape de tout ce que peuvent en dire les grands schtroumpfs...

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  3. Ce que je considérais comme idiot n'était pas le fait de voir les choses sous la forme d'un challenge, mais uniquement pour ce qui concerne la question de l'éveil.
    Si le terme "idiot" est à nuancer, je ne suis pas certain que la notion de challenge doit être une finalité. Que le challenge soit un outil, un moyen ou un support vers l'accumulation de connaissances, en revanche, oui.
    Mais cette accumulation de connaissance n'est, elle-même, pas la finalité à mon sens, mais elle aussi un support vers l'éveil, l'élévation de l'esprit etc...
    J'entends tes arguments, cela dit. Mais j'ai un rapport plus nuancé avec cette boulimie qui me gêne de plus en plus dans mon rapport à la musique.
    Le temps n'étant pas incompressible, cette course vers l'accumulation, lorsqu'elle est concentrée sur un domaine, en délaisse trop d'autres à côté.
    Et comme pour tout, lorsque l'on s'entête dans une seule direction, on finit par avoir des oeillères, n'entendre (et donc n'adhérer) qu'à un seul type de courant de pensée.
    Et ce même si, au sein de ce seul centre d'intérêt (la musique, donc, mais c'est très transposable comme réflexion), on ne se cantonne pas à une seule voie.
    Je réfléchis en même temps que j'écris, c'est donc sûrement fouillis et plein de contradiction. Tant mieux, j'assume parfaitement celles-ci.

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    1. Je vois ce que tu veux dire mais là aussi il y a un équilibre à trouver entre se focaliser sur un domaine en particulier au détriment des autres et se perdre dans plein de domaines différents. Quand j'étais ado je faisais du théâtre au conservatoire je faisais des courts-métrages en vidéo, des photos, je jouais de la basse dans un groupe, je faisais du base-ball dans un club... Je voyais pleins de concerts et je voyais 7 films au cinéma en moyenne par semaine, je lisais des romans et de la philo et je courais après les filles.. Mais tout ce que je faisais, je ne le faisais pas forcément bien avec application, sérieux et travail.... D'où l'intérêt de prendre du recul et de réfléchir à ses objectifs de manière à ne pas arriver à la fin de sa vie en ayant l'impression d'avoir vécu un rêve (ou un cauchemar).

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    2. Ce que tu dis est très juste et me fait écho également.
      Quand je parle de diversifier ses centres d'intérêt, il doit être important, là aussi, de ne pas tomber dans un rapport boulimique.
      Tu parles de "prendre du recul et réfléchir à ses objectifs". Ca me parle.
      Ce recul, cette distanciation et cette réflexion sont à mon sens les clés qui, avec l'accumulation de connaissances diverses, permettent l'éveil.
      (le propos serait à nuancer, ça ne peut être aussi simple, mais voilà où j'en suis à l'heure actuelle).
      Après, ces réflexions et distanciation peuvent prendre des formes différentes, allant de la pause (comme tu sembles le faire pour ton blog) à des périodes de respiration quotidiennes en passant par d'autres modes que je n'ai pas expérimentés.

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    3. Je ne comprends pas l'éveil dans le sens trop abstrait à mon gout d'élévation de l'esprit mais plutôt comme présence à soi-même, le contraire d'être à côté de ses pompes, comme une façon d'agir avec justesse au bon moment tout en visant le long terme.
      La méditation est un temps mort qui vise l'action et l'action qui suit peut-être de type boulimique, comme un John Zorn qui n'arrête pas de travailler, toujours avec un esprit neuf. Ce n'est pas la boulimie qui pose problème c'est l'état d'esprit dans laquelle tu es qui peut éventuellement poser problème. Bosser 7 jours sur 7 ne me dérangerais pas ce qui me dérangerait ce serait que le coeur n'y soit pas. Si le coeur n'y est pas il faut alors trouver pourquoi et résoudre chaque problème les uns après les autres sans les fuir.

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  4. Je croyais être le seul à utiliser le mot anhédonisme.
    http://johnwarsen.blogspot.fr/2008/12/thophobie-et-matrialisme-affectif.html
    Mon caquet en est tout rabattu.

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    1. Et tu connais le mot "acédie" il est encore plus difficile à placer dans une conversation... C'est la théophobie du moine qui se rend compte qu'il est totalement inutile de prier quelqu'un de totalement absent. Pour lutter contre l'acédie il n'y a que les travaux manuels qui marchent, c'est pourquoi les trappistes la brasse trois fois. Un fois suffit mais trois fois c'est plus efficace.

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  5. J'avais une cyber-copine qui disait "Le problème de nos compulsions, c’est qu’elles nous nourrissent. Si on ne trouve pas de nourriture alternative, il est normal qu’on y retourne, à moins qu’entre temps on se soit habitué à crever la dalle, comme les moines trappistes. Mais alors on vit mal, on est dépressif. Dans les monastères, on appelle ça l’acédie. Bien sûr, on ne cède plus aux compulsions, mais ça ne nous remplit pas pour autant. On est vide, et on ne peut pas se remplir avec de l’auto-satisfaction. Surtout pas, en fait. Car l’auto-contemplation est précisément ce qui empêche Dieu (l’état naturel) d’être présent. On essaie de se remplir de la pensée de soi, ce qui est impossible puisque la pensée est vide, comme le soi, mais le problème c’est qu’en attendant la place est prise, même si c’est par un fantôme."
    http://johnwarsen.blogspot.fr/2008/07/acdie-aux-assedic.html
    T'es un lecteur attentif, toi, faut que je fasse gaffe.

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    1. T'inquiète pas, être un lecteur attentif ne m'empêche pas d'écrire des âneries et de m'en rendre compte ce qui m'incite à l'indulgence.
      A propos de lecture attentive ce qui me fait toujours marrer avec wiki c'est de trouver une chose et son contraire... Sur la page consacrée à Cioran comment on fait pour concilier ce passage :

      « Le Juif n’est pas notre semblable, notre prochain, et, quelle que soit l’intimité entretenue avec lui, un gouffre nous sépare »4. Bien plus tard, il biffera ces passages pour l'édition française5.
      Son séjour universitaire en Allemagne l'a convaincu de la justesse de l'idéologie nazie et lorsqu'il rentre en Roumanie il soutient le mouvement de la Garde de fer

      et celui-là

      Le cheminement littéraire de Cioran et son trajet spirituel ont, semble-t-il, trois points de repère majeurs (selon Liliana Nicorescu) : « la tentation d'exister » en tant que Roumain ou juif. Dès lors, ni sa roumanité réfutée ni sa judéité manquée ne pouvaient lui offrir la moindre consolation pour l'humiliation ou « l'inconvénient d'être né. ».

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    2. Quand j'étais petit, j'étais presque aussi impressionné par Cioran que par Philip K. Dick. Ca a bien changé, et pas besoin de déconsidérer l'oeuvre à la lumière de ses petits arrangements stratégiques avec ses "erreurs de jeunesse" concernant le nazisme ou les juifs. Il suffit de résumer l'essence de sa pensée philosophique (comme l'a fait Val hier sur mon blurg, saisie par son démon du trollisme quand elle séjourne à l'étranger) : "la vie est courte et en plus elle finit mal". Ca illustre toute l'élévation spirituelle qu'on peut en attendre. Je préfère Woody Allen, dont les fondamentaux sont identiques, mais avec lui au moins on rigole. Cioran a ciselé quelques aphorismes désopilants (si on est branché nihilisme et deuxième degré) mais il était surtout inventeur et principal adepte du Cioranisme, dont il tirait ses maigres moyens de subsistance, qui lui ont permis de vivre très vieux. Il parait qu'il avait juré de révéler avant sa mort s'il s'était fichu de la gueule du monde, mais je n'ai pas eu vent de sa rétractation. Dick avait finalement une conception bien plus tragique de l'existence.

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    3. Michel Onfray qui est une formidable langue de p. dit qu'on ne sait pas tout de Cioran et laisse entendre qu'il aurait une belle quantité de sang sur les mains. Ne pas avoir existé semble préférable si non seulement tu as eu une vie de merde mais aussi, en plus, si tu as fait les pires choix possibles. J. K Rowling fait dire à Dumbledore que la rédemption de Voldemort serait possible mais qu'elle serait vraiment très douloureuse.
      Sur le wiki de Cioran on trouve aussi cette phrase

      "Ainsi Cioran raconta, qu'étudiant en Allemagne, il prit ses distances avec la fureur nazie en se réfugiant dans « l'étude du bouddhisme » "

      Ce qui semble donner raison à Shusterman lorsqu'il cite Bouddha comme antidote à l'antisémitisme.

      C'est aussi un antidote contre le nihilisme du type ""la vie est courte et en plus elle finit mal"

      Cette phrase n'a de sens que si tu te places du côté de ton "ego" mais elle n'a pas de sens si tu pense la vie en terme de Karma. Il y a beaucoup de préjugé sur cette idée de Karma qui n'est pas compréhensible du point de vue de l'"ego".
      Pour illustrer cette idée prenons la vie de Deshimaru qui a passé sa vie à transmettre un enseignement à des disciples et qui a crée le Temple de la Gendronnière qui est un lieu de vie, de rencontre, d'échange, de transmission, de méditation, ou l'on peut jouer au ping pong avec ses enfants... Le Karma c'est la conséquence de nos actes qui ne s'arrête pas à notre ego. L'idée de la mort parait plus douce si l'on pense la vie comme vie susceptible d'avoir des conséquences positives pour les autres, conséquences qui ne s'arrêtent pas à notre propre ego.
      Quant à l'idée d'une fin du monde, je pense qu'il serait préférable de faire en sorte qu'elle arrive le plus tard possible et qu'il faille s'attacher à la beauté du geste plutôt qu'aux dernières conséquences.



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    4. Oula' attendez... J'ai juste émis une réflexion gothique sur le blog de Maître John en réponse à son memento mori.... Je ne suis pas gothique... (de ma mauvaise interprétation de ce qu'on peut formuler sur un blog...)
      Et je continue à bobber en attendant un avion qui a encore du retard....

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    5. De la mauvaise interprétation.... Il est temps que j'arrête

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    6. Tu n'es pas gothique mais on sent chez toi une grande sympathie pour la pensée slave. Disons une sorte de nihilisme joyeux à la Dostoïevski.

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    7. Oui... un art de vivre dans l'absurde...

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  6. Je viens de passer devant le "centre de recueillement et de méditation" du Terminal 2 qui a l'air d'être ouvert de jour comme de nuit; pour la première fois je me suis dit qu'il arrivera peut-être un jour où j'en franchirai les portes. Seulement, de l'extérieur je ne trouve pas du tout l'endroit accueillant, ça fait un peu frigidaire...

    Sans transition, je te propose de la coldwave old fashioned aux touches électroniques... pas mal pour occuper l'espace d'une chambre identique à elle-même quelle que soit l'aéroport où on se trouve...
    http://this-is-the-bridge.bandcamp.com/album/the-writings-on-the-wall

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  7. Les maisons de retraites de luxe que je photographie pour mes clients ont l'air acceuillantes et ne ressemblent pas à des frigos. Pourquoi les gens à l'intérieur ont-il l'air si malheureux? Je ne pense pas que ce soit de la faute de mes clients.

    Les rencontres les plus extra je les ai faites dans des lieux qui ne payaient pas de mine. Ce qui fait la beauté d'un lieu c'est d'abord les gens qu'on y rencontre. Il y a des gens qui n'aiment pas la Gendronnière simplement parce que ça dépend autant de l'état d'esprit de la personne que de la dynamique de groupe qui est elle-même fluctuante. Il n'est pas certain que toutes les communautés se ressemblent et soient identiques dans le temps.

    Très bien The Bridge, merci.


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