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dimanche 16 février 2014

Crowhurst - Snuff

Un disque d'une violence inouïe, insoutenable du début à la fin (le pire étant au début), il n'est pas drôle et n'autorise pas le second degré. Il est dédié aux victimes de violences mais la bande son provient de snuff movies ce qui est extrêmement problématique et désagréable. Son intérêt réside dans la possibilité de nous questionner sur notre rapport à la violence, et dans une moindre mesure, sur l'absence de limite entre l'art et le non-art.

Même s'il n'est pas toujours possible de transformer de la négativité en positivité, ce n'est pas pour autant une raison pour baisser les bras... Je viens de choper (en bibli) Plaidoyer pour l'altruisme - La force de la bienveillance de Mathieu Ricard. Dans le chapitre 27, Les carences de l'empathie,  il y a plusieurs paragraphes consacrés aux psychopathes. Des études scientifiques ont engendré un nouvel optimisme quant aux traitements possibles des troubles de la personnalité associés au manque d'empathie dont font preuve les psychopathes...

Si vous vous trouvez ce disque plutôt fun, je vous conseille vivement la lecture des 900 pages du Plaidoyer pour l'altruisme de Matthieu Ricard. Dans tous les cas, je vous conseille sa lecture.

Harsh noise from Los Angeles, 14 février 2014.


17 commentaires:

  1. Heu, est-ce que ce n'est pas une deuxième violence faite aux victimes que de leur faire écouter ça ? ;-)
    Après les Grecs d'Incognita Sperans, je vais faire un tour chez Desperate Journalist, ce n'est pas ésotérique mais c'est britanniquement frais et rafraichissant, ça va me permettre de me remettre de SNUFF...
    V.

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    1. Pas aux victimes directes des snuff movies en tout cas puisqu'elles sont déjà mortes (sinon ce n'est pas un snuff) mais écouter ça c'est se faire violence

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    2. Très bien aussi Desperate Journalist, merci et j'aime beaucoup les photos sur 3 millions...

      Je ne pense pas que Snuff puisse être qualifié d'ésotérique... ou alors je ne fais pas partie des initiés.

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    3. Je me permets une petite citation de wiki :
      "Selon une étude publiée en 2002, le bruit blanc, diffusé à faible intensité pourrait être une « alternative non-pharmacologique » ; simple, sûre et rentable à de nombreux médicaments sédatifs, hypnotiques utilisés pour combattre l'insomnie, divers troubles psychiatriques, ou effets de stress et de stress post-traumatique."

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    4. Effectivement, ce n'est pas très drôle. J'aimerais pas écouter ça sous acide, par exemple.
      "Le disque idéal pour faire fuir vos amis en fin de soirée", lit-on à son sujet dans Télérama, qui s'autorise le second degré quand il s'agit de transgresser les rêgles qu'on s'impose, juste pour voir ce que ça fait.
      En matière de bruit blanc, enfin tirant sur le blanc foncé, le dark ambient à la Steve Roach me semble être une « alternative non-pharmacologique » plus efficace.
      Là, c'est un peu le disque qui s'écoute à deux : un qui le tient, et un qui ouvre la fenètre.
      David Cronenberg, quand il s'est penché sur le problème des Snuff movies, à l'époque de Videodrome, rapporte dans le livre d'entretiens que Serge Grünberg lui a consacré, qu'après avoir beaucoup cherché en vain, il en avait conclu que les snuff movies n'étaient qu'une légende urbaine.
      Mais c'était en 83, bien avant Internet...
      Cordialement

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    5. Comme indiqué dans les commentaires de mon post suivant, je préfère faire fuir mes amis en début de soirée c'est à dire au moment où ils arrivent. Selon ma fille, ça ne fait rire que moi... ce que je suis bien obligé d'admettre... mais ce serait encore pire si je ne rigolais pas moi-même.

      J'ai consulté rapidement ce document universitaire :

      https://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/bitstream/handle/1866/10275/Laperriere_Simon_2013_memoire.pdf;jsessionid=0C59E2DFA573226C37205A9D681389CC?sequence=2

      qui confirme tes propos sur les snuff movies et internet.... ce qui pour le coup n'est vraiment pas drôle.


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    6. Merci pour le pavé universitaire, ça va me détourner du Ricard pour un moment. Oui, c'est entièrement ta faute, et c'est assez cocasse : si on ne rit pas de la bêtise et de la cruauté humaine (je parle du snuff), y'a plus qu'à se flinguer, alors fais ton choix. La vacuité égotiste de la dérision est certes un réflexe de défense, mais sans défenses je ne serais plus qu'un éléphanteau scorbuté, encore plus inapte à détecter les pièges sur la Voie.

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    7. Pas mieux.

      Pour le pavé universitaire, je peux essayer de résumer assez rapidement la lecture en diagonale que j'ai faites... de manière à ne pas te détourner trop longtemps du Ricard. Que son auteur, s'il passe par ici m'en excuse et n'hésite pas à me corriger (gentiment)...

      Les Snuff movies sont des films d'horreurs qui exploitent commercialement la possibilité d'un plaisir lié à la cruauté du spectacle de la torture suivie de la mort d'êtres humains. A l'origine, se sont des "fake", de faux documentaires qui font tout pour brouiller la frontière entre la fiction et la réalité... grâce aux effets de rhétoriques cinématographiques mais aussi et surtout grâce aux rumeurs qui entourent ces films.

      Internet ne change pas fondamentalement la donne mais les "snuff movies" s'y adaptent facilement. Mais l'auteur fait bien de rappeler que s'il est possible de trouver sur internet des vidéos macabres ou hyper violentes qui montrent des violences réelles ce ne sont pas toujours des snuffs movies... Ce qui, bien sûr, n'a rien de rassurant.

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  2. Même fan (de Crowhurst bien sûr, pas de snuff movies) je crois que je vais passer mon tour.

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    1. Je n'y ai pris aucun plaisir et je ne souhaite violenter personne. Je ne te le conseille donc pas.

      Ce n'est évidemment pas un snuff movie, il manque l'image... Le son est très travaillé mais pas dans le sens du pathos (au sens rhétorique du terme)... Même avec ma sensibilité de Troll, il ne passe pas.

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  3. À lire tout ça j'ai l'impression d'être plongée dans "La fin absolue du monde" de Carpenter, ça m'effraie, pas envie d'y toucher. Du coup, merci pour l'info !

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    1. Non seulement c'est un choix que je respecte mais après avoir lu un passage dans le livre de M. Ricard sur l'engrenage infernal dans lequel était pris ceux qui acceptaient de travailler dans des camps de concentration, je trouve que l'attitude qui consiste à refuser d'emblée toute compromission est pleine de sagesse.

      Je me permets de reprendre ici ce que j'ai écrit sur le forum d'IRM à propos de ce disque:

      "Les pompiers, en principe, sont censés être capable de supporter visuellement des scènes d'une extrême violence tout en étant en empathie avec les victimes de manière à agir pour le mieux. Supporter la violence n'est qu'une question d'habitude mais il faut être clair sur ses propres intentions et connaitre ses limites."

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  4. Ouf... Je n'écouterai pas mais je te remercie pour l'ouverture de cette discussion. Il faut faire la part des choses, Hanneke qui a déjà fait des films "sadiques" et réalistes précisaient qu'un être humain ne pouvait aller jusqu'au bout de "ses" films, en fait un dont j'ai oublié le titre, Violences suivi de vengeance, je ne l'ai pas vu, je supporte peu le sadisme réaliste en image.
    Snuff movies, réel ou pas, pose le problème de se connaître, cette recherche de frisson. Une question est de savoir où est le malsain? Dans la recherche ou bien dans le frisson?

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  5. J'ai vu Funny Games en 1997 au cinéma alors que j'étais déjà fan du cinéaste depuis 71 Fragments d'une chronologie du hasard et j'avais vu juste après Benny's Video au Centre Régional de Documentation Pédagogique d'Orléans... Ses films ne sont pas sadiques mais prennent le contre-pied du cinéma américain... Comme le dit Wiki :

    "Le réalisateur affirme avoir été traumatisé, dans sa jeunesse, par l'esthétique et la dramaturgie hollywoodiennes. Il s'oppose notamment à un courant du cinéma américain, initié par Oliver Stone et Quentin Tarantino, qui n'offrirait que des images violentes, spectaculaires et sans distance critique. Pour Haneke, cette veine postmoderne et ultra-violente de la production américaine serait incapable de réaliser son pouvoir sur le spectateur pour qui elle rendrait le sang et la souffrance attractifs. Il explique que les films qui en sont issus déréalisent la violence car la manière de la montrer, masquée sous une fausse posture de vraisemblance, devient le prétexte à un défilé de scènes grandiloquentes et faisant l'apologie de valeurs fascisantes telles l'autodéfense et la vengeance. Fidèle à sa méthode, il dit vouloir aiguiser, en réaction, une forme de conscience au-delà des représentations primitives. "

    Mais tu as raison de faire un parallèle entre ce disque et le cinéma d'Haneke... Il vise une prise de conscience... ce qui passe par la connaissance de soi.

    Pour la recherche du frisson... c'est le thème central de Recherche philosophique sur l'origine de nos idées du sublime et du beau d'Edmund Burke... qui parle du "delightful horror"... Qui inspirera Kant pour son idée du sublime... Pas le temps de développer davantage...

    Ce qui est malsain c'est le manque de compassion... A l'occasion essaye de jeter un œil au bouquin de M. Ricard...

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  6. M'a l'air pas mal du tout le bouquin de M. Ricard ! Dans le divertissement gore il y a un questionnement du corps et une mise à distance et dérision volontaire qui peut être perçu par certain comme une catharsis... Y'a un super bouquin là-dessus par E. Dufour "le cinéma d'horreur et ses figures". Perso j'mate des films gores depuis mes 12 ans et ce que j'aime c'est le côté grand-guignol. La mode ultra-réaliste actuelle m'ennuie, j'ai maté "Aftermath" hier et je ne vois pas l'intérêt d'une telle débauche réaliste, j'avais largement préféré le documentaire "Départ vers l'Eden" (un type qui bosse dans une morgue), pour le coup c'est assez fascinant et ça interroge nettement plus sur le corps, la mort etc. Mais c'est un doc très dur que je ne reverrai pas de sitôt. Quant à Tarantino je n'aime pas, il américanise et vide de leur sens des tas de bons films en surfant sur la mode du nanar. Pour ce qui est de la beauté de l'horreur... j'en suis victime quand je regarde un Argento ou un Street Trash, les couleurs sont flamboyantes :-) Les cris par contre ça me fout la chair de poule, surtout sans image...

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    1. Mathieu Ricard en digne fils de Jean-François Revel... s'appuie fortement sur la recherche scientifique pour avancer ses arguments, ce qui leur donne du poids. Or la thèse de la catharsis a été entièrement réfuté.

      "Ces travaux ont aussi permis d réfuter entièrement l'hypothèse selon laquelle le spectacle de la violence permettrait à l'individu de se purger des pulsions agressives supposées l'habiter. Il a maintenant été établi qu'à l'inverse, ce spectacle aggrave les attitudes et comportements violents" (p414)

      Dans le passage intitulé "Le plaisir de faire mal" M. Ricard rapproche le plaisir à faire souffrir de la jouissance que procure les sports extrêmes "le plaisir lié au sadisme ne vient pas de l'acte lui-même, mais du moment qui lui succède"... "après une expérience terrifiante, on revient à la normale, ce retour est accompagné d'un sentiment euphorique"
      Le plaisir qu'il suscite peut créer un phénomène de dépendance...

      Moi aussi j'ai vu un paquet de films gores et peut-être bien avant 11 ans... Ce qui, avec le recul (j'ai des enfants) me parait bien irresponsable de la part de mes parents...
      Sans pour autant nier la beauté de l'horreur... mais pas au point de cautionner tout ce qui s'y rattache comme la tauromachie par exemple. Mais il n'est pas impossible que je recherche dans la musique quelque chose d’équivalent.

      J'irais jeter un œil au livre de E. Dufour, j'ai vu qu'il faisait même référence à Andréi Tarkovski ou Robert Bresson.



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  7. Perso. je ne crois pas non plus à la catharsis. Pour moi le cinéma est un lieu d'expérimentation où s'expriment les angoisses, les obsessions, les fascinations d'un réalisateur. Il n'est pas à confondre avec la réalité mais notre monde est de plus en plus envahi par les images, difficile pour certain de faire la part des choses entre fiction, fantasme et réalité...
    E. Dufour parle aussi de Bergman à qui je dois mes plus grandes frayeurs :-)

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