Lundi : Jazz
Mardi : Electro, IDM, Ambient,
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vendredi 17 janvier 2014

Mathias Delplanque - Chutes + Live report - Groupe Entorse - Accidens (ce qui arrive) - Petit Faucheux le 16/01/14

Il y a quelques années, ma femme qui aime beaucoup la danse contemporaine m'a un peu forcé à aller voir l'un de ces spectacles. A priori, aller voir des gens qui dansent sur de la musique enregistrée alors que tu es toi-même coincé dans ton fauteuil, franchement ça ne me disait rien, pas plus qu'aller voir un match de foot dans un stade. Mais bon, vous connaissez ma femme. Comment ça, non?... Après, on va encore dire que je digresse. Je vais la faire courte. Finalement ma femme n'a pas du tout aimé le spectacle parce que les danseurs avaient, en fait, très peu dansé. En revanche, moi j'avais adoré. J'avais été subjugué par la dimension visuelle et par la qualité de la bande son, qui, pour le coup, n'était pas de la musique enregistrée. Il y avait une femme derrière des platines qui diffusait le son à fort volume de plusieurs vinyles vierges créant ainsi du "bruit blanc". Pour un audiophile, il s'agit d'un son familier et chaleureux et qui, loin d'inviter au sommeil, produit une tension, une attention accrue à ce qui arrive ou du moins, à ce qui va arriver.

Suite à quelques discussions sur la question de l'avant-garde, je suis tombé sur l'annonce de ce spectacle du groupe Entorse. Quand je parle d'avant-garde, j'en parle toujours sur un ton légèrement ironique. L'avant-garde s'oppose à l'académisme. Or aujourd'hui l'académisme n'existant plus comme il a existé auparavant, la notion d'avant-garde est devenue paradoxalement une notion désuète qui renvoie à un passé révolu. Cependant, on vit dans une période fortement rétro maniaque et nous manquons de mots pour opposer les musiques qui sont tournées vers le passé et celles qui sont tournées vers le présent. On parle aujourd'hui de "musiques nouvelles" qui risquent fatalement de ne pas être nouvelles longtemps. De même, une esthétique de la rupture risquerait fatalement d'être assez monotone. Il reste néanmoins le terme de "musiques actuelles" qui a l'avantage d'être assez neutre et qui désigne sous un autre nom l'avant-garde contemporaine. Seulement il s'agit d'une avant-garde aux contours flous, multiple et qui emprunte autant au passé qu'elle innove. S'intéresser aux musiques actuelles reste néanmoins un choix, à partir du moment où on ne peut s'intéresser à tout pour des questions de temps et d'argent. Entre aller voir Neil Young, que j'adore et qui est de moins en moins jeune, et voir pour le même prix une dizaine de jeunes spectacles sidérants... mon choix est fait.

Je ne raconterais pas ce qui est arrivé hier parce que je ne voudrais pas gâcher l'effet de surprise si le spectacle devait être à nouveau montré, d'autant plus que les extraits vidéo ci dessous, ne sont heureusement pas les plus beaux moments du spectacle. J'aimerais néanmoins thématisé l'écart entre les extraits vidéos et la réalité vivante du spectacle... C'est aussi la raison pour laquelle j'y suis allé.

J'étais au deuxième rang, et si le terme d'immersion est un terme que j'entends un peu trop souvent, il a tout son sens ici car le spectacle fortement tridimensionnel s'est propagé dans la salle avec une forte dimension interactive notamment lorsque vous calquez, malgré vous, votre respiration sur celle du danseur. En revanche, sur la vidéo, on a l'impression que le danseur tombe sur une surface métallique, ce qui est beaucoup moins fort dans la réalité puisque l'on perçoit plus facilement l'origine des sons et que l'on voit comment ces sons sont obtenus. Pendant le spectacle j'ai trouvé, d'un point de vue d'audiophile, la qualité du son variable avec un écart un peu trop important entre les moments fantastiques où Raphaëlle Latini créait elle même en direct les sons produits et le court instant où j'ai eu le sentiment d'entendre de la musique enregistrée. Je voudrais simplement souligné le fait que si je vais voir des concerts c'est aussi pour une question d'audiophilie mais qu'il m'arrive fréquemment ne ne pas être satisfait par la qualité du son lors de ces concerts. En l'occurrence, ici, j'ai été bluffé par l'amplitude sonore pendant presque la totalité du spectacle avec de beaux moments de harsh noise étonnamment riches et presque agréables comme le son d'un énorme bateau qui vous emmène en Corse ou en Grèce. Les passages où le danseur s'est arrêté de danser et  l'attention s'est reportée sur Raphaëlle Latini qui a crée de la musique avec du bruit blanc, des effets et des boucles sonores crées en direct avec des objets, des disques et des machines ont  été vraiment extraordinaires... J'ai pensé à Recur d'emptyset, Adhere de Gabriel Saloman, Connected d'Oren Ambarchi et bien sûr Chutes de Mathias Delplanque.

Comme vous pouvez le constater sur la vidéo la performance du danseur est exceptionnelle... Elle m'a bien pris les tripes pendant toute l'heure du spectacle. Les extraits se situent au début. A la fin, il danse vraiment et je regrette que ma femme ne soit pas venue.





Le groupe Entorse et Mathias Delplanque s'associent pour un spectacle dont la première aura lieu à Alençon en novembre 2014 et qui s'intitule Hantologie.

Inutile de dire que j'ai beaucoup aimé Chutes.

Electro, expérimental, musiques actuelles, from France chez Baskaru, 4 février 2013.

Lien Spoty et lien Deezer vers Chutes




6 commentaires:

  1. Hum...la vidéo c'est la même que sur un précédent article non ? C'est une arnaque, remboursez !

    Ceci dit, au-delà de la dimension esthétique de ces chorégraphies contemporaines - que je ne néglige pas, j'aime beaucoup ça et c'est ce qui me fait m'intéresser un peu à la danse - je suis souvent impressionné par les qualités physiques et athlétiques des danseurs. Celui-ci en particulier.

    C'est intéressant ce discours sur l'avant-garde, pas le temps d'engager la discussion maintenant, je suis payé pour faire autre chose, mais j'essaierai d'y revenir. De toute façon nous avons une vision assez proche.

    PS : superbe la pochette de Chutes. Je suis chez Bandcamp en même temps pour y jeter une oreille.

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    1. Non, ce n'est pas la même vidéo puisque ci-dessous j'ai mis deux extraits alors que là il s'agit du Teaser qui montre le même moment que l'extrait 1 mais avec des effets de montage. J'ai trouvé ça un peu dommage de regarder des extraits avant de voir le spectacle... mais si je ne les avais pas vu je n'y serais pas allé (encore un paradoxe).

      Même en temps que spectateur j'ai trouvé ça éprouvant, la dimension physique surtout que la fin est explosive. Et pour une fois, je n'ai pas trouvé le spectacle ni trop court ni trop long.

      C'est moins l'avant-garde qui me tracasse que la manière de gérer la chose... sans y passer trop de temps et en gardant une certaine liberté... Les concerts et le vie culturelle est également addictive... plus tu en vois plus t'as envie d'en voir.

      A propos de musiques nouvelles j'aurais bien aimé ajouter (j'en profite ici) qu'à Tours nous avons même un festival de Nouvelles Musiques Anciennes (http://www.nma-tours.fr/) auquel j'aimerais beaucoup aller.

      J'ai du mal à la comprendre cette pochette que j'ai vu sur pas mal de site.

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    2. Comprendre la pochette ? Là c'est moi qui ne comprends pas.

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    3. Ce qu'elle représente... Un parachutiste en perdition?

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  2. Bon..va falloir qu'elle fasse un billet ici Mam'Esb ..parce que tu n'as pas l'air total total réglo dans l'affaire...

    en même temps..je me sens mal à l'aise.. j'aime le son sans rien voir.. comme un rencard avec mon solitaire..oups..ma solitude.
    :D

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    1. Aucune chance pour que Mdame fasse un billet... Réglo ou pas, je ne sais pas, en tout cas, sur ce coup là, je ne lui ai rien caché.

      Les plus beau moments étaient des moments où l'on ne voyait rien. Mais la danse reste un formidable mode d'emploi pour certaines musiques.
      Et puis, les concerts, généralement j'y vais seul... ça reste pour moi un trip de solitaire.



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